Il s’agit du F-SYNTER , SYNATEB, SYNTAS et du SYNAPAGER. Les responsables de ces quatre structures ont tenu une assemblée générale ce 8 juin 2020 à Dédougou pour le compte de la région de la Boucle du Mouhoun. A l’issue de cette rencontre, des décisions ont été prises. Voici l’intégralité des déclarations.
F-SYNTER – SYNATEB – SYNTAS – SYNAPAGER
COORDINATIONS RÉGIONALES DE LA BOUCLE DU MOUHOUN
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Dédougou le 08 juin 2020
DECLARATION CONJOINTE A L’ISSUE DE L’ASSEMBLEE GENERALE SUR LA
SITUATION DE REPRISE SCOLAIRE
Le conseil des ministres du 27 mai 2020 a décidé de la reprise des activités pédagogiques uniquement dans les classes d’examens dans ce contexte de pandémie à Corona virus. Lors de cette même séance, l’année scolaire dans les classes intermédiaires a été déclarée achevée avec à la clé, une seule moyenne trimestrielle dans la quasi-totalité des cas. Pour la mise en œuvre de cette reprise, le gouvernement s’est engagé à grand bruit à prendre des dispositions pour que les mesures barrières recommandées soient appliquées afin de contenir la propagation du virus. Il a donc annoncé la désinfection des salles de classe, doter chaque élève, chaque enseignant ou personnel administratif du public comme du privé de deux masques (cache-nez). Chaque établissement devait disposer en outre de matériel adéquats de lavage des mains mais également se réorganiser afin que l’exigence de distanciation physique d’au moins 1m soit respectée.
Une semaine après la reprise officielle, force est de constater de façon décevante que le gouvernement n’a pu tenir ses promesses dans notre région. C’est pourquoi, l’Assemblée Générale tenue ce jour 08 juin 2020 s’est décidée à faire le point de la situation afin d’adopter une posture adéquate. Il ressort en effet que dans les publics, la dotation en masque est d’à peine un par élève ou par enseignant ; les dispositifs de lavage des mains restent un luxe pour la majorité des établissements ; la distanciation physique est jusque-là royalement ignorée dans certains établissements. Quant aux établissements privés, à la date d’aujourd’hui, beaucoup d’entre eux n’ont pas encore été dotés en masques et en dispositifs de lavage des mains. Beaucoup prétextent également de manque des moyens financiers pour ne pas respecter la distanciation entre élèves. Pourtant, le ministre de la communication et celui de l’éducation scandaient sur tous les toits que les classes resteraient fermées si un seul élève venait à manquer de masques.
Aujourd’hui, alors que des centaines d’élèves et d’enseignants sont sans masques, le ministre de l’éducation annonce à grandes pompes la réussite de la reprise des activités pédagogiques. Comment ne pas être sidéré par cette inefficacité du gouvernement quand on sait que la reprise scolaire a été trois fois reporté pour ne finalement concerner que les classes d’examens ? Cet état de fait montre clairement le hiatus entre les belles paroles des autorités en charge de l’éducation et la réalité du terrain. On est donc en droit de se poser la question de savoir où sont passés les milliards mobilisés pour une reprise sereine des cours.
Incapables de s’assumer devant cette inconséquence du gouvernement, certains chefs d’établissement exigent aux parents de trouver eux-mêmes des masques pour leurs enfants. Ces initiatives individuelles sont visiblement animées et soutenues par un zèle légendaire et des calculs politiciens. C’est dans cette cacophonie inédite que des responsables d’établissements ou des CEB, des DPEPS et DPEPPENF enjoignent aux enseignants des établissements partiellement dotés ou non dotés, à reprendre les cours au mépris de tout principe de précaution. Certains d’entre eux organisent même des tournées ostentatoires, brandissant une réquisition d’ailleurs totalement illégale et prenant çà et là des listes de collègue s qui auraient repris les cours. De tels comportements de flicage témoignent du cynisme de ces autorités qui ont choisi d’intimider et éventuellement de faire sanctionner nos militants pourtant inscrits dans la légalité et la dynamique du respect rigoureux des mesures barrières énoncées par le gouvernement lui-même.
Cette attitude irresponsable de ces administratifs responsabilisés montre à souhait que la santé des acteurs de l’éducation est de loin le cadet de leurs soucis.
Par ailleurs, plus de sept cents quarante (740) agents du MENAPLN ont vu leur salaire injustement et illégalement suspendu ou coupé à partir de fin mars 2020 dont plus d’une soixantaine dans notre région. Le rétablissement et surtout le remboursement des sommes coupées se font sur la base des colorations syndicales et /ou politiques. A ce propos, il nous revient que certains responsables administratifs proposeraient à certains de nos militants le remboursement de leur salaire en contrepartie de leur adhésion aux syndicats accompagnateurs du gouvernement ou au parti au pouvoir, le MPP. Cette attitude est aux antipodes des principes de l’Etat de droit et remet ouvertement en cause la neutralité du service public tel que le stipule l’article 44 de la loi 081-2015/CNT portant statut général de la fonction publique.
De l’analyse de la situation, on relève ce qui suit :
1. Dans ce contexte de pandémie, la préservation de la santé de tout acteur de l’éducation doit être la première des préoccupations avant toute considération ;
2. La mise en œuvre disparate des mesures barrières par la faute du gouvernement entraine dans les différents établissements de la région, une reprise disharmonieuse des cours. Ce qui conduira inévitablement à accroitre l’inégalité des chances de réussite des élèves à l’examen et met en danger la santé des enseignants et des apprenants ;
3. Les enseignants des établissements en attente de dotation et qui ne peuvent donc entrer en classe pour le moment, sont sujets à des stigmatisations, à des intimidations et sont désormais exposés à d’éventuelles représailles.
4. La répression haineuse, illégale et arbitraire perdure jusqu’à nos jours sur nos camarades. Ce cynisme machiavélique n’est pas sans conséquence sur la motivation de ces derniers et de l’ensemble des camarades en ce moment crucial de l’année scolaire. Humainement, nous ne pouvons reprendre normalement et sereinement les cours sans constater que notre légitime exigence de les voir restaurer dans leur droit ait été satisfaite. La lutte s’impose.
C’est pourquoi, l’Assemblée Générale
– appelle tous les militants et sympathisants à suspendre toute activité pédagogique aussi bien dans le public que dans le privé à compter de ce jour 08 juin 2020 jusqu’à dotation complète et suffisante de tous les établissements de la région.
– Met en garde le gouvernement ou ses sbires contre toutes les velléités de répression et de représailles que viendraient à subir nos militants sur le terrain.
Non au saccage de la qualité de l’éducation!
Non à la liquidation du mouvement syndical !
COORDINATION DES SYNDICATIONS DE L’EDUCATION DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN (FSYNTER –SYNAPAGER –SYNATEB –SYNTAS)
LETTRE DIRECTIVE n° 2
L’assemblée générale de la Coordination des Syndicats de l’Éducation sus cités tenue le 08 juin 2020 a procédé à une analyse des conditions de reprises des cours et du point des suspensions des salaires dans la régionale de Boucle du Mouhoun. De cette analyse, il ressort que :
1- En dépit des annonces faites par le gouvernement de doter les établissements de masques de protection (2 par apprenant et 2 par enseignant) et de disponibiliser des dispositifs de lavage des mains, de désinfecter les salles de classe des zones ayant enregistré des cas, avant toute reprise d’activités pédagogiques, nombreux sont les établissements qui n’en disposent toujours pas une semaine après cette reprise. Seuls les établissements des centres villes ont reçu un masque de protection par élève, laissant ainsi des milliers d’élèves et enseignants dans une grande inquiétude avec un risque de contamination à grande échelle de la COVID-19. Pour un besoin de masques de protection estimé à 151 168, la Boucle du Mouhoun (3ème région à enregistrer plus de cas positif de la COVID-19 au Burkina) n’en a reçu que 63231
2- De la suspension des salaires
Plus de deux mois passés, les salaires suspendus en Mars 2020, n’ont toujours pas été rétablis pour certains et pour d’autres certaines indemnités ont été mises en extinction.
Plus d’une soixantaine d’agents dans la région subit cette répression salariale. Le gouvernement en décidant de cette répression foule au pied du même coup l’arrêté conjoint 2013-195/MEF/MEFPTS portant procédure de traitement et modalité de liquidation de la retenue pour fait de grève.
Nos organisations syndicales depuis le 5 mai 2020, ont notifié aux autorités du
MENA-PLN que la restitution et le rétablissement des salaires suspendus constituent des préalables pour toute reprise normale des activités pédagogiques
Au regard de ce qui précède les Coordinations Régionales FSYNTER, SYNAPAGER
SYNATEB SYNTAS de la Boucle Mouhoun décident :
– La suspension de toutes les activités pédagogiques en attendant une dotation conséquente de tous les établissements sans exception de la région
– La non remise des notes
– La non transmission des courriers, rapports, données statistiques, bilans financiers
– La non-participation aux activités organisées par le MENA-PLN (rencontres statutaires, formations pédagogiques, OSCLEP, USSUBF).
Elle invite également ses militants au strict respect des actions contenues dans la Lettre Circulaire Conjointe des bureaux nationaux.
Camarades, dans un contexte où le gouvernement est dans une dynamique de répression, seule notre mobilisation et notre détermination nous permettront de protéger les libertés syndicales et de garantir la sérénité de tous les travailleurs.
Les coordinations provinciales, départementales et communales sont donc invitées à la mise en œuvre correcte et diligente de ces directives.
Pour une éducation qualité, en AVANT !
F-SYNTER -SYNAPAGER -SYNATEB -SYNTAS