L’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina Faso (URCB) et ses partenaires ont organisé les 11 et 12 août 2020 à Tougan, chef-lieu de la province du Sourou, un atelier de formation au profit des religieuses, des coutumières et des leaders d’association. Ces quarante et huit heures furent un cadre pour l’URCB d’outiller les participantes sur les effets néfastes des pratiques traditionnelles néfastes telles le mariage d’enfants, les grossesses précoces et l’excision sur la vie des jeunes. C’est la raison pour laquelle l’union préconise l’abstinence de ces derniers jusqu’à la maturité.
Les phénomènes de mariages d’enfants, de grossesses précoces et de l’excision sont bel et bien d’actualité au Burkina Faso en général et dans la région de la Boucle du Mouhoun en particulier. Selon une étude menée courant 2019, la région de la Boucle du Mouhoun occupe la deuxième place après le sud-ouest en termes de grossesses précoces avec environ mil cinquante et six (1056) grossesses par an. C’est dans le sens d’éradiquer ce fléau combien préoccupant pour bon nombre d’acteurs étatiques ou non que l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina (URCB) en partenariat avec l’ONG «Save the Children » et l’ONG «DANIDA » a organisé un atelier de formation de quarante et huit heures à Tougan, chef-lieu de la province du Sourou.
Présidé par Moussa Zerbo, deuxième adjoint au maire de la commune urbaine de Tougan, cet atelier a connu la participation massive de soixante et dix femmes composées de leaders d’associations, des religieuses et des coutumières de la province du Sourou. Pour le Baloum Naba de Tampouy, membre de la Coordination Nationale de l’URCB et panéliste, les causes des mariages d’enfants sont diverses. Il s’agit entre autres de l’absence d’éducation sexuelle en famille, du manque de sensibilisation, de l’absence de dialogue entre parents et enfants, de la vulnérabilité économique, de la carence affective, des agressions sexuelles et de l’influence des médias. « Nous devrons tous nous sentir concerner par ces pratiques traditionnelles néfastes qui mettent en sursis l’avenir de nos enfants », a-t-il lancé avant d’inviter les parents à être des bons amis pour leurs enfants.
Le Baloum Naba de Tampouy, membre de la Coordination nationale de l’URCB
Ces propos sont corroborés par Lassina Sougué, Directeur provincial de la femme du Sourou qui lors de son plaidoyer a confié que certains parents ont abandonné l’éducation des enfants au profit des médias et de la rue. « La seule préoccupation des parents de nos jours, c’est d’avoir un téléphone de haute marque pour les enfants sans même se soucier de ce que l’enfant fera avec ce portable. Aucun parent ne contrôle les programmes de télévision que les enfants suivent dans leur propre maison et ils sont étonnés plus tard de ce que leur enfant va devenir », a justifié Lassina Sougué qui s’est par ailleurs inquiété de l’attitude actuelle des enfants et que selon ses dires, si rien n’est fait pour stopper cela, notre société risquerait de perdre sa morale et ses valeurs. Pour ces religieuses, coutumières et leaders d’association de la province du Sourou, il est attendu un retour de plaidoyer et d’informations auprès des communautés coutumières et religieuses sur le terrain pour une sensibilisation et une conscientisation pour un abandon total de ces pratiques traditionnelles néfastes au Burkina Faso.
Issaka Sawadogo, Chargé de projet à l’URCB
C’est plutôt l’objectif que veut atteindre Issaka Sawadogo, chargé de projet à l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina qui s’est par ailleurs dit confiant qu’en au retour d’informations au regard de la forte mobilisation des participantes (environ soixante et dix). Il a aussi appelé les différentes communautés coutumières et religieuses à renforcer les stratégies de lutte car le phénomène a l’oreille dure dans nos communautés et que les conséquences paraissent énormes. Il s’agit selon lui, des hémorragies, des ruptures utérines, des souffrances fœtales et prématurées, des fistules obstétricales et des avortements. Il annonce toutefois que si le mal est signalé tôt, une prise en charge psycho-sociale est entreprise par les autorités sanitaires nationales.
Participantes et responsables de l’URCB ont pausé pour la postérité
En rappel, l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina (URCB) est une association qui a vu le jour en 2007 et regroupe toutes les communautés coutumières et religieuses du Burkina Faso. Son objectif est de promouvoir la santé, le développement et le dialogue entre les communautés selon les valeurs religieuses et traditionnelles. Elle dispose treize Coordinations régionales et des points focaux dans les différentes provinces du pays des « Hommes intègres ».
Toutmotsis YARO (Correspondant)