C’est le témoignage émouvant que S.A., nom d’emprunt, nous a confié le 21 mai 2025. C’est dans le cadre de nos activités de promotion de la santé sexuelle et reproductive que nous l’avons rencontrée. Lisez vous-mêmes !
Le monde est en perpétuel évolution surtout dans le domaine de la médecine. Par exemple, le sujet de l’avortement qui était jadis un tabou social, ne l’est plus tout à fait. En effet, depuis des années, des solutions ont été trouvées et des dispositions légales ont été prises pour que des femmes bénéficient d’avortement dans des conditions adéquates et adaptées si la circonstance l’exige. L’interruption sécurisée de la grossesse, comme on le dit dans le jargon médicinal, est donc autorisée au Burkina Faso. Cependant, elle ne se fait que dans l’une de ces quatre conditions à savoir si la grossesse met en danger la santé de la femme, s’il exite des anomalies foetales diagnostiquées par un médecin, en cas de viol et en cas d’inceste. De plus, il faut les services d’un spécialiste de santé et un environnement qui sied pour le faire comme l’indiquent les articles 513-13 du code pénal 2018. Malheureusement, force est de constater que malgré cette mesure en vigueur et les multiples actions pour sa vulgarisation, des femmes continuent d’avorter de façon clandestine, s’exposant du coup à plusieurs risques dont la stérilité et la mort. Cela est dû en grande partie à l’ignorance mais aussi souvent aux difficultés d’accès aux formations sanitaires en lien avec la situation sécuritaire. Dans l’un de nos précédents articles qui nous a valu de remporter le premier prix du concours de réalisation dans la Boucle du Mouhoun d’articles de presse sur les directives de l’OMS sur l’interruption sécurisée de la grossesse, Protocole de Maputo, sur les cas rencontrés sur le terrain dans le cadre du projet « Sauver la vie » mis en oeuvre par la Communauté d’action pour la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso, nous avions révélé les chiffres effroyables des cas d’avortement non sécurisés qui s’élèvent à 492 cas dans la Kossi rien que pour l’année 2024. Par le présent article, nous revelons le témoignage d’une victime qui a bien voulu accepter notre entretien.
S.A. est âgée de moins de la quarantaine d’années. Mais le rêve de toute femme, celui d’enfanter, elle ne l’a pas encore realisé, bien qu’elle soit mariée depuis plus de six ans. Elle a en effet subi une situation qui a bouleversé le cours de sa vie. Pour qu’elle puisse nous raconter les faits, nous avons été obligé de lui fournir des garantis que ses déclarations seront dans le strict anonymat, d’où le nom d’emprunt S.A. Les faits remontent à 2017. Son village situé dans la zone nord de la Kossi était en proie à l’insécurité. « Suite à une incursion terroriste, les hommes ont dû abandonner le village pour se cacher dans la brousse. Cette nuit là, un homme a abusé de moi sans que je ne puisse l’identifier. Je n’ai pu le dire à personne. Mais quelques mois plus tard, j’ai su que j’étais enceinte. Pour diverses raisons, j’ai opté pour l’avortement en buvant diverses sortes de décoctions. La grossesse a coulé mais je suis tombé malade pendant quelques temps. J’ai recouvré la santé puis j’ai été mariée. Mais malheureusement, jusque là, je n’ai pas encore été enceinte », a-t-elle confié. C’est alors que nous lui avons expliqué que l’avortement est maintenant autorisé par la loi dans des conditions adaptées pour ces genres de circonstances. « C’est une bonne chose alors », a-t-elle répondu. S.A. nous a cependant confié qu’elle a fait plusieurs consultations et que l’espoir est permis pour elle d’avoir un enfant les jours à venir.
Il faut le dire, cette situation invite à accentuer les actions de sensibilisation pour la vulgarisation de la mesure de l’interruption sécurisée de la grossesse. Cela contribuera à beaucoup améliorer la santé sexuelle et reproductive dans notre pays.
Issa Mada Dama
Timbanews.net